Croquée par la mort.
Il remontait sa main le long de sa colonne vertébrale. La déformation se faisait ressentir, malgré la position idéale. Habituellement l’extrémité du corps est fraiche. Cette-fois était différente. Comme toutes les fois où Paul caressait le corps nu d’une femme, d’ailleurs. Christine avait le dos gelé et il s’y habituait doucement. Il remontait sa main amoureusement tandis que le mari observait la scène sans bouger.
André n’avait plus la force de faire le moindre geste, ni même de verser la moindre larme. Il était vidé, il regardait chaque geste de Paul sans même se rendre compte de ce qui se passait. Son esprit était ailleurs. Jamais plus il ne pourrait vivre comme avant à présent. On avait violé son âme en même temps que sa femme. Ils auraient fêté leur trentième année de mariage dans quelques jours. Les noces de perle. On ne peut pas comprendre tant que l’on n’est pas passé par ce sacrement. Ils avaient juré devant le seigneur. André devrait tenir cette promesse, leur promesse, sa promesse. Il observait Paul qui touchait le corps nu de sa femme. Il observait de ses yeux vides.
La nuit tombait maintenant et Paul remonta d’une main délicate la robe de Christine. Christine pourrait être sa mère. La cinquantaine, les cheveux grisonnants, le teint pâle. Une petite dame qui devait être rigolote en d’autres circonstances. Il ne l’avait jamais vu auparavant alors qu’ils habitaient le même quartier. Le couple ne devait pas fréquenter les repas organisés par la communauté. Jamais plus il ne la reverrait. Elle serait parmi les dizaines d’autres à qui il a eu le privilège de fermer les yeux, une dernière fois. L’ultime geste qui illustre la mort.
Pam
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