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Comme tous les ans, le système éducatif connaît une réforme, souvent agrémentée de manifestations des apprenants ou de leurs enseignants Cette année c’est le monde universitaire et intellectuel qui monte au créneau. Quelles sont les raisons d’une telle fronde ?
 

Retour sur la polémique …
 
Dès la rentrée prochaine, le ministère de l’Education Nationale prévoit de ne plus rendre obligatoire l’enseignement de l’Histoire-Géographie en Terminale S. Luc Chatel affirme qu’ « on ne supprime pas le programme d’histoire-géo en terminale scientifique, [car] ce programme sera vu en première ». Ainsi, il prévoit en compensation, 4h en première contre 2h30 actuellement, et pour les lycéens qui le souhaitent, une option de 2h d’histoire-géographie en terminale.
En réponse, vingt universitaires de renom ont signé un appel, dont Serge Berstein contemporanéiste), J’acques Le Goff (médiéviste), Jean-François Sirinelli (contemporanéiste) et Michel Winock (revue L’Histoire). Ils ont été rejoints, dimanche 6 décembre, par des intellectuels dont le psychiatre, Boris Cyrulnick, les écrivains, Philippe Delerm et Hervé Hamon, et le philosophe, Michel Onfray.
La polémique que l’on connait aujourd’hui pourrait paraître comme une simple querelle de spécialistes où chacun défend sa discipline hors des philosophes ou des physiciens s’associent à la démarche.
Selon Dominique Avon*, « il existe une préoccupation disciplinaire qui dépasse notre propre science, chacun s’accorde à dire qu’il y a une nécessité absolue des études historiques ! »
Comme argument pour la mise en place de la réforme sur le lycée, le ministère affirme vouloir rehausser le niveau des bacheliers alors que celui-ci semble fondre années après années. La mesure qui occupe notre sujet ne s’applique qu’aux seuls lycéens scientifiques mais comme le fait remarquer Dominique Avon, « aujourd’hui les élèves qui ont le plus de facilité vont en série S, non pas par affinité pour les matières scientifiques mais pour une raison de débouchés post-bac ». Celui-ci assure comprendre les motivations d’une telle réforme mais il n’approuve pas la mesure mise en place. Selon lui, « il faudrait résoudre le problème à l’inverse, c'est-à-dire, faire plus de mathématiques en série L, faire plus de sciences et de français en série ES et maintenir la série S comme telle ». Dans le même état d’esprit Laurent Bourquin* affirme que « si l’on considère que le niveau des bacheliers n’est pas assez élevé, il faut faire une réforme sur le fond des programmes concernés », mais il n’hésite pas à aller plus loin que son confrère en soutenant que les raisons avancées par M. Chatel sont « fallacieuses » et que « ce n’est pas en réduisant des heures d’enseignement qu’on améliorera le niveau et qu’on fera de vrais scientifiques » !
Selon un décompte des heures d’enseignement d’Histoire-Géographie sur les années de première et terminale (effectué par Laurent Bourquin), il y aura une perte de 54 heures d’enseignement, la mesure ne servirait-elle donc pas à faire des économies ? Certains spécialistes posent ouvertement la question et redoutent les suppressions de postes qui iront nécessairement de pair.
« L’Histoire et la Géographie permettent de lire le monde, de le comprendre et le scientifique en a besoin, comme les autres. A l’heure du sommet de Copenhague, ils doivent avoir conscience du monde qui les entoure » nous fait-il remarquer, or la mesure semble une nouvelle fois creuser le fossé entre les sciences dites dures et celles dites molles. Certains apprendront à se faire une opinion raisonnée sur la société tandis que d’autres continueront à s’enfermer dans les sciences sans jamais pouvoir exercer leur esprit critique.
Bon nombre d’universitaires prennent part à ce débat sur le secondaire car « il existe une articulation de fond entre ces deux mondes » nous confie Laurent Bourquin. En effet la plupart on déjà enseigné dans le secondaire, certains élaborent les manuels qu’utilisent les lycéens et tous forment des étudiants se préparant aux concours de l’enseignement. Et, à l’heure où les chercheurs tentent de s’ouvrir aux autres spécialités et où les étudiants se voient confronter à l’inter-discplinarité, on accentue à nouveau le cloisonnement des lycéens dans leurs domaines sensés être de prédilection.
 

L’historien doit-il « prendre parole et se rendre utile à la cité et à ses concitoyens » ?
 
Outre la question de fond lancée par l’Appel des Vingt Universitaires et la Pétition de l’Association des Enseignants d’Histoire-Géographie, une réflexion sur l’engagement des historiens, et des intellectuels en généra, s’impose. Selon Laurent Bourquin, « l’historien est un scientifique dans sa discipline, qui se doit d’avoir une objectivité rigoureuse », ce qui lui permet de pouvoir prendre part à un débat politique et idéologique. Dominique Avon confirme qu’il « ne sort pas de son cadre, […] rien n’empêche de se positionner, comme historien mais surtout comme citoyen ». Peut-être est-ce alors un devoir d’intellectuel que de s’engager quand les politiques semblent faire des erreurs.
A l’heure où l’on parle d’Identité Nationale, on a surtout tendance à « confondre Histoire et Mémoire » nous confie Laurent Bourquin. Pour lui, « on a un rapport affectif au passé, ce qui n’apporte rien à la connaissance », les exemples de la lecture de la lettre de Guy Mocquet et de la future construction d’un musée de l’Histoire de France, en sont révélateurs.
L’Histoire ne serait donc pas une simple discipline, ce serait aussi un préalable à la citoyenneté, et donc « c’est au moment où le lycéen parvient à un degré de maturité suffisant, au moment où il devient citoyen qu’on lui supprime cet enseignement axé sur le monde contemporain qui pouvait lui permettre de se placer dans la cité », regrette Laurent Bourquin.

KAZ & Fantasio


* Dominique Avon : Professeur d'Histoire Contemporaine et Codirecteur du département d'Histoire de l'Université du Maine
* Laurent Bourquin : Professeur d'Histoire Moderne à l'Université du Maine et rédacteur de manuels d'histoire pour le secondaire

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