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N°0 - Décembre 2009
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Dossier : Les étudiants et la religion

Sur le campus du Mans, les communautés religieuses sont -très- discrètes voire difficile à rencontrer. Néanmoins, il existe
forcément des étudiants ou des personnels de diverses confessions. Nous avons essayé de nous pencher sur la question : « comment vivre sa foi à l’Université du Maine ? » en allant à la rencontre des trois monothéismes : Judaïsme, Christianisme et Islam.
Les médias ont fait une large place, dans le débat sur la laïcité, aux questions du voile et de l’école, il a été assez peu question de l’Université. Les étudiants sont des citoyens majeurs et la découverte de la diversité des idées fait partie intégrante de la démarche intellectuelle proposée. Néanmoins, il s’agit d’établissements publics tenus à respecter une laïcité encore en débat. Aujourd’hui, un certain nombre de réalités concrètes se font jour : professeurs contestés par des minorités traditionnalistes ou dites « intégristes », listes confessionnelles aux élections de certaines universités. A Rennes, au cours de l’année 2004, des étudiants membres d’un syndicat universitaire, demandent qu’il soit mis fin aux activités d’une association catholique qui a son siège dans les locaux de l’Université. A Paris-Dauphine, la mise à jour d’une charte des associations exclut désormais tout culte dans les locaux de l’Université, tandis qu’à Lyon il devient plus difficile d’entrer sur le campus et d’y afficher des manifestations religieuses… Un peu partout, il est désormais compliqué de se voir ouvrir des salles pour accueillir des colloques ou des rencontres organisées par la sphère théologique. Tout cela peut sembler normal en régime de séparation mais comment les étudiants croyants vivent-ils leur foi dans la communauté universitaire ? Zoom sur la situation à l’Université du Maine…
Malheureusement notre étude comporte beaucoup de défaut dont le premier est une absence de témoignage de la religion juive. D’autre part, nous n’avons pas pu approcher d’associations étudiantes musulmanes, seuls des témoignages individuels ont été faits. Enfin, dans un simple article, nous ne pouvons appréhender le phénomène religieux au sein de l’Université que de manière partielle. Néanmoins nous pouvons nous féliciter d’avoir quatre témoignages assez divers. Deux filles et deux garçons. Deux musulmans (sunnites) et deux chrétiens (catholique et évangélique).
Gaël Catalano, étudiant depuis trois ans à l’Université du Maine et catholique pratiquant a accepté de répondre à nos questions. Fièrement, il dit que pour lui être catholique c’est « surtout et d’abord aller à la messe ! ». Aurélie Baudron, étudiante elle aussi depuis trois ans, est fille d’un pasteur évangélique, mais affirme que sa « foi est un véritable choix ». En effet, les protestants ne pratiquent pas « le baptême obligatoire de leurs enfants »,ils leurs laissent « un temps de réflexion avant de choisir leur confession ! ». Pour Saïda Chekir, étudiante en deuxième année de Langue Etrangère Appliquée, être musulmane c’est « avant tout prier et faire le jeûne ! ». Abdellah Kamali, étudiant à l’IUFM confirme, pour lui l’Islam c’est « le respect des cinq piliers ! », qui sont la croyance en Allah et en Muhammad, les prières quotidiennes, le respect du ramadan et de l’aumône, et enfin le pèlerinage à la Mecque. Assez contraignant en apparence, Abdel -comme le surnomme ses amis- nous affirme que l’« on peut être croyant sans pratiquer » mais que pour lui «  ça va de paire ! ». Tous confirment que la religion est pour eux un choix personnel dont ils sont fiers. Abdel affirme que « l’Islam est une religion tolérante et ouverte, dans laquelle chacun pratique selon ses capacités, ses besoins et ses envies ! ». Gaël explique n’avoir «aucun complexe », tout comme Saïda qui n’hésite pas à dire qu’« il existe une multitude de points de vue » et qu’elle a le sien. Ainsi, à première vue le fait d’être croyant ou pratiquant est pour nos étudiants un concept plutôt simple à revendiquer mais dans la vie de tous les jours n’est-il pas difficile de le faire comprendre et accepter ? Généralement le milieu étudiant est vu comme ouvert à la diversité et aux différences, pour autant, l’Université est-elle un lieu de tolérance ?
Gaël répond simplement à cette question : « Je n’ai jamais eu de problème à l’université à cause de ma religion, les gens me respectent, moi et ma foi ! ». Il nous avoue tout de même qu’il existe parfois quelques moqueries mais jamais de manière personnelle. Abdel confirme qu’il n’a jamais subi d’insultes « sauf peut-être de la part de cons ! » et que les étudiants restent « ouverts et compréhensifs ! ». Sans doute, les étudiants n’ont pas exclu les préjugés traditionnels d’une société à priori sécularisée, tout comme le reste de la population. Abdel déplore ainsi une société française plutôt « fermée » à l’intégration, il regrette d’être « toujours vu comme un marocain, un arabe ou un musulman », alors qu’il est pleinement français, mais « heureusement sur le campus c’est plus simple car je suis un étudiant ! », continue-t-il. Autre exemple, Gaël nous confie que son souhait le plus fort en tant qu’étudiant catholique est celui de « changer l’image stricte du catholique traditionnel ». Pour Abdel de toute façon « il faut savoir se détacher de ses opinions et de ses convictions personnelles quand on est étudiant ! ». Pour Saïda, qui porte un voile « depuis 3 ans à l’Université sans problème », c’est le même constat : « en début d’année quand les profs voient une fille voilée entrer dans leur classe pour la première fois, ils ont une petite appréhension mais ça passe très vite », alors qu’au lycée « j’étais obligée de l’enlever ! » nous confie-t-elle.
A l’heure actuelle, la vie d’un étudiant ne se passe pas uniquement dans l’enceinte de l’Université. Quand est-il de la conciliation de la vie soi-disant sex, drugs and rock-and-roll du jeudi soir et des règles religieuses sur le mode de vie ? Saïda explique qu’elle est « musulmane avant d’être étudiante » et donc il y a certaines choses qu’elle s’ « interdit» tout comme Aurélie. De la même manière Gaël ne souhaite « pas faire n’importe quoi », sa foi ne l’a « jamais freiné à fréquenter les lieux naturels de la vie étudiante extra-universitaire comme les bars ». Enfin Abdel peut-être plus « moderne », avoue ne pas comprendre pourquoi il devrait « faire une conciliation » car pour lui «  il n’y a pas d’opposition ! »
Evidemment, ce ne sont que des points de vus personnels d’étudiants isolés. Quand est-il des communautés religieuses en elles-mêmes ? Sont-elles organisées ? Ont-elles une politique envers l’Université et les étudiants ?
On doit noter d’abord qu’il n’existe aucune association à caractère religieux recensée au SEVU, le Service des Etudes et de la Vie Universitaire qui est entre autre le relai officiel de l’administration avec les associations étudiantes. Du côté de la Maison de l’Université, personne ne connait d’organisation religieuse étudiante, et à mémoire de fonctionnaires il n’y a jamais eu de tentative de bénéficier des subventions du FSDIE (Fonds de Solidarité et de Développement des Initiatives Etudiantes) de la part de croyants, qui en sont exclus d’après le règlement. Du côté des chrétiens, il y a le GBU (Groupe Biblique Universitaire) du Mans qui regroupe « tous les lundis une quinzaine d’étudiants » nous précise Aurélie. Ils auraient essayé, en vain, d’obtenir une salle afin de se réunir. Ce sont principalement « des protestants de toutes tendances » et majoritairement des « filles ». Ils ont tenté l’an dernier d’organiser un « Forum Veritas » sur le campus afin de s’ouvrir à un plus large public. Faute de participation, ce fut « un échec » explique Aurélie qui nous informe que cette année « la priorité sera de se faire connaître, à travers des soirées mais il est hors de question de faire une campagne d’évangélisation de masse ! ». D’autre part, une vingtaine d’étudiants fréquentent l’Aumônerie Chrétienne des étudiants. Ainsi, cette association qui rassemble des étudiants catholiques du Mans organise beaucoup de soirées et de rencontres afin de « discuter de la foi, mais surtout d’échanger » selon Gaël Catalano, son vice-trésorier et membre actif. L’évêché du Mans aurait même mis en place « une paroisse à disposition des étudiants afin qu’ils organisent eux-mêmes des messes une fois par mois ». Il y aurait donc un besoin étudiant auquel répond l’évêque, car il a fait de cette paroisse un véritable lieu destiné aux étudiants, « dynamique », c’est un « jeune » prêtre qui en a la charge. L’Eglise aurait-elle une politique spéciale destinée aux étudiants, ça en a tout l’air mais à priori pas sur le campus. Gaël confirme, pour lui il n’y a « ni mission catholique ni prosélytisme ».
Enfin dans un dernier temps, on a tenté de connaître les différentes positions sur la question du voile intégral. Alors que l’épiscopat catholique français se positionne contre une loi sur le voile, Gaël lui trouve que le port du voile est « un peu une perte d’identité, dommageable » car selon lui « certains peuvent le pendre comme une provocation ». Nos deux étudiants musulmans sont quant à eux opposés à une loi car « l’Etat ne doit pas légiférer sur des questions religieuses qui touchent un si petit nombre de personnes ! ». Abdel malgré sa pratique religieuse n’est pas forcément très favorable au voile intégral. Saïda quant à elle a « l’impression qu’on vise surtout à montrer du doigt l’Islam, alors que dans la réalité le port du voile intégral ne gène personne ! ». Cette jeune musulmane est un témoignage précieux pour comprendre le point de vue à la fois féminin et musulman des défenseurs du port du voile intégral. Saïda, opposée à la loi, laisse le choix à chacune de porter ou non ce voile. Elle affirme que « dire que le voile intégral est une prison pour la femme est à [son] avis une réflexion sans fondement » selon elle beaucoup de ceux qui avancent cette idée sont « aussi hostiles au port du simple voile. » Saïda dit avoir déjà entendu parler « d’atteinte à la liberté et aux droits des femmes », pour la question du foulard qui ne cache pas le visage ! 
 
Au final, on doit retenir qu’il existe bel et bien des étudiants croyants et même pratiquants sur le campus de l’Université du Maine. On doit aussi prendre conscience de la diversité de ces religions ainsi que de l’hétérogénéité des points de vue à l’intérieur même d’une confession.
 
KAZ

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